Anne Herbauts

En ces mois automnaux, je vous invite à plonger dans la poésie créative et réconfortante d’Anne Herbauts.

La rencontre

Anne Herbauts est un peu à l’album ce que le jazz est à la musique : il faut que l’œil s’habitue à lire le texte & l’image, comme l’oreille doit s’habituer à ne pas perdre le fil dans les harmonies jazzy. La première fois que je l’ai rencontrée, c’était à travers son album L’heure vide. Nous étions en séminaire de Littérature Jeunesse à l’Espe de Lyon, à l’heure vide justement, celle où l’on préfèrerait être chez soi à boire un thé bien chaud, plutôt qu’en cours au sommet de la colline dont il faudra redescendre dans la nuit et le froid…

A la lisière

Anne Herbauts est à la lisière. A la lisière entre le texte et l’image. A la lisière entre le livre et son lecteur. Selon elle, elle n’est :

« Ni auteure, ni illustratrice, mais entre les deux. »

Pour nous, c’est une artiste, une créatrice, une exploratrice de l’album.

L’album, elle le pense comme un tout, comme un espace de liberté absolue. Tout peut faire sens, tout peut être terrain d’exploration, d’exploitation, d’expression : le papier, le carton, le pli, la couture… Texte et image sont pensés en même temps. A tel point que dans ses prises de notes, elle prend aussi, et surtout, des notes pour ses images.

Ses personnages

La théière, la chaise, le merle… voici les personnages principaux de ses albums.

Tous ont une histoire. Le merle est l’héritage d’un oiseau rencontré dans un jardin de son enfance. L’hirondelle, plus difficile à saisir, lui sert parfois de respiration dans l’image, comme une virgule dans une phrase. La chaise, qui peut sembler toute de guingois, elle l’a rencontrée dans une leçon de dessin avec Anne Quévy. La consigne ?

« Dessiner une chaise sans jamais la dessiner »

Anne Herbauts crayonne et crayonne avec un imaginaire bouillonnant, mais elle s’ennuie vite dans l’image dès que le dessin est trop parfait. Elle aime la mise en danger, pour rester dans la justesse, et proposer à ses lecteurs des images qui accrochent, qui écorchent.

Du papier, du carton et 4 couleurs

C’est la matérialité de l’album. Anne Herbauts nous rappelle que le livre n’est qu’un assemblage de papier et de carton, avec des images numérisées imprimées en quatre couleurs.

« Le livre n’existe qu’à partir du moment où on l’ouvre et on le parcourt. Le livre quand il est fermé n’est qu’un objet, inerte, qui peut servir de cale-chaise, de sous-bloc pour écrire, mais il n’existe pas, dans le sens où ça n’est que du carton avec du papier. »

On ne peut que vous encourager à découvrir ses albums, et à les faire exister en les feuilletant, en les racontant, en les écoutant..et en prenant votre temps.

Ses albums chez Casterman

Ses albums chez Esperluète

Ses albums chez les éditions de l’AN 2

Ils en parlent :


Et vous, vous connaissiez cette artiste ?